L'histoire du quartier

Depuis le XIIIe siècle et jusqu’à son déménagement en 2008, l’hôpital occupe le quartier Combarel, dont une partie sera transformée en prison à la Révolution.

L'HISTOIRE DU QUARTIER COMBAREL

LE QUARTIER DE L’HÔPITAL DEPUIS LE XIIIE SIÈCLE
Au Moyen Age et à l’époque moderne, la vaste étendue de la butte ruthénoise située à l’ouest de la cathédrale est hors de l’enceinte de la ville. L’hôpital Sainte-Marthe, fondé au XIIIe siècle, est le noyau du faubourg qui porte son nom jusqu’au XIXe siècle. Sa constitution en hôpital général en 1676, la fondation du couvent des Capucins au début du XVIIe siècle puis sa transformation en prison à la Révolution, la construction du tribunal proche et enfin celle d’une caserne de gendarmerie à l’entrée de la rue lui confèrent un aspect singulier : un alignement d’institutions austères face à une rive de petites maisons occupées par des artisans et des commerçants et seulement interrompue par le Carmel. Du bas en haut de la rue se succédaient : l’ébéniste Mazars, l’imprimeur Colomb, le marchand de fer Cabaniols, le marchand de vin en gros Nicolas, le café Pouget, le relieur Séguret, le cordonnier Aussibal, le garage Oustry et Meylan et enfin, le magasin d’articles de pêche de la mère de Pierre Soulages, au n° 4 de la rue.

Vue aérienne d'une partie du quartier Combarel

L'HÔPITAL SAINTE-MARTHE

L’hôpital Sainte-Marthe est fondé à l’extérieur de l’enceinte de la ville au début du XIIIe siècle, sur le côté nord de l’actuelle rue Combarel. Par décret de Louis XIV, il devient hôpital général en 1676 en absorbant tous les autres hôpitaux de la ville, sauf l’ancien hôpital Saint-Jacques. Dans les années qui suivent, le « Quadrilatère » est construit de l’autre côté de la rue, au sud. Il abrite les espaces nécessaires aux missions de l’hôpital général : les hommes, femmes, orphelins et vieillards étaient séparés et il y avait plusieurs réfectoires et ateliers, une chapelle, des prisons, une cuisine, un four, des magasins de stockage…
Des travaux importants sont menés après les années 1860, des dons et legs accompagnant un nouvel essor de l’hôpital après la période révolutionnaire. En 1868, le conseil d’administration décide de restaurer le Quadrilatère et de construire de nouveaux bâtiments. Les travaux sont déjà en cours en 1872, lorsque Denis Combarel lègue à l’hôpital des biens considérables, les domaines de Burg et de La Vayssière. Les travaux se poursuivent dans les années 1880. Les élévations du Quadrilatère sur la rue, dont celle de la chapelle, ont alors été entièrement rebâties dans un style néoclassique sobre qui impose fortement sur l’espace public la présence et le rôle de l’hôpital.

L'hôpital Sainte-Marthe

LE COUVENT DES CAPUCINS

Le couvent des Capucins est fondé dans le faubourg Sainte-Marthe en 1616 et transformé en prison après la Révolution, l’édifice offrant suffisamment de place et de bâtiments propres à la vie commune pour ce nouvel usage.
Au nord, le long de la rue Combarel, la chapelle conserve la majeure partie de son architecture d’origine, vraisemblablement de la première moitié du XVIIe siècle et relevant d’un style classique sobre. Au sud de la chapelle, une galerie voûtée d’arêtes à deux niveaux desservait les bâtiments conventuels encadrant le cloître.
Les modifications réalisées pour installer la prison ont été importantes : pour aménager les cellules, un niveau intermédiaire a été créé dans la chapelle, le rez-de-chaussée est alors pourvu de trois vaisseaux couverts de voûtes en berceau et l’étage est divisé en trois pièces. Chaque espace correspondait à un type de prisonnier différent : les militaires, les prévenus pour délits, les peines correctionnelles… La prison disposait d’une nouvelle chapelle, beaucoup plus petite que celle des Capucins, dans l’aile ouest.

Coupe du couvent des Capucins

LE CARMEL DE RODEZ

De l’autre côté de la rue Combarel, le Carmel de Rodez. Fondé en 1825, les sœurs gagnent alors leur vie en confectionnant des ornements d'autels. En 1890, la construction d’un nouveau monastère est encouragée par l'évêque Bourret, grand bâtisseur dans le diocèse. L'architecte du département Henri Pons dirige les travaux, la chapelle est consacrée en 1893. Le logement des sœurs externes et le parloir seront construits une trentaine d'années plus tard par l'architecte André Boyer. Les ailes du couvent sont disposées selon un plan en quadrilatère autour du cloître, entre l’avenue Victor-Hugo et la rue Combarel. La chapelle se trouve sur le point le plus haut du site et elle est encore surélevée par un soubassement pour permettre l’aménagement d’un escalier monumental depuis la porte d’entrée et symbolisant, dans l'architecture de l'ordre, l'ascension du Mont Carmel. Les vitraux en dalle de verre de la chapelle ont été réalisés dans les années 1970 par l’atelier du monastère d'En-Calcat dans le Tarn.
Au XXe siècle, la principale activité du Carmel était la fabrication puis la vente d'hosties. À Rodez, nombreux sont ceux qui se souviennent avoir été chercher du « pain d’ange», ces chutes de pain azyme issues de la fabrication des hosties, que leur donnait la sœur tourière. La cloche qui sonnait pour signalait les offices aux fidèles inscrivait également le Carmel dans la vie quotidienne du quartier.

Le Carmel de Rodez

LA FONTAINE

En 1899, les établissements de Bienfaisance de la ville décident de l’érection, devant l’hôpital, d’un monument commémoratif en hommage au bienfaiteur de l’hôpital : Denis Combarel. La municipalité soutient le projet et le réoriente un peu en précisant que le buste sera porté au centre d’une fontaine-abreuvoir. La ville répond ainsi à un besoin exprimé par les habitants du quartier demandant le rétablissement d’une borne-fontaine supprimée parce que l’hôpital venait d’être pourvu d’une concession d’accès à l’eau courante. L’inauguration du monument a lieu le 15 avril 1901. Point d’eau pour les habitants du quartier, la fontaine servait également à abreuver les animaux les jours de foire.
Le sculpteur du buste est Louis Bertrand, d’origine aveyronnaise, dont le père Antoine Bertrand était apparenté au sculpteur ruthénois François Mahoux. Élève remarqué des Beaux-Arts à Paris en 1893, il a réalisé, entre autres, le monument aux morts de Pont-de-Salars et a reçu en 1911 la médaille d’or au Salon pour le tombeau de Monseigneur Franqueville (aujourd’hui à la cathédrale de Rodez). Le buste fut enlevé de la fontaine pendant la seconde guerre mondiale, caché pour être préservé, puis remis en place sur la fontaine. Lors de la destruction de celle-ci, dans les années 1960, le buste prit place dans la cour de l’hôpital. Il est aujourd’hui conservé à l’Hôpital Jacques-Puel à Bourran.